[2022파리국제컨퍼런스] 공동주의적단결만이 모두를살리는길

<공동주의적단결만이 모두를살리는길>

에므릭 몽빌 Aymeric Monville | 프랑스PRCF국제부책임자

… 나토의 확장은 핵대결로 이어질수 있다. 서방 최초의 합리주의역사학자인 투키디데스의 병리학처럼 전쟁의 근본적인 원인을 묻는다면, 나토의 팽창주의와 2014 마이단에서의 미국의 책동들을 빼놓을수 없다고 생각한다.

이런 군사팽창주의는 탈달러화경향, 페트로루블 나아가 페트로위안의 등장으로 특징지어지는 경제적출로와는 상반되며 이는 <브레튼우즈특권>의 종말을 의미한다. 달러를 금으로부터 완전히 분리하고 순전히 미국의 능력에 의존해 다른 나라들이 미국이 찍어내는 종이화폐를 사도록 만든 자메이카선언에 의해 강화된 특권말이다. 그래서 우리는 우크라이나문제에서 <서방>의 국제적고립을 관찰할수 있다. 이것은 아마 철학자 도메니코 로쉬르도(Domenico Losurdo)가 표현한 <콜럼비아시대의종말>(유럽식민지배의 시작을 상징하는 콜럼버스의 시대라는 점에서)의 시작일것이다. 

… 우리는 (러시아가) 700개의 군사기지들에 둘러싸여 국경에서 위협을 느끼는것과, 미국처럼 국경이 닿아있는 멕시코와 캐나다로부터 아무런 위협을 받지않는데도 국제법들을 무시하며 수많은 나라들을 폭격하고 제재조치들을 벌이며 주장하는 <명백한운명(Manifest Destiny)>과는 다르다는것을 기억해야한다. 이러한 맥락을 이야기하지않고 러시아의 현작전을 단순한 약탈을 위한 전쟁이라고 하는것은 어폐가 있다. … 러시아정부가 올리가르히(신흥재벌)의 팔을 꺾고있는 문제라는것 역시 명백하다. 러시아정권에게는 애국적국가방위를 조직하고 어떤 대가를 치르더라도 권력을 유지해야할 2중의 이해관계가 명확히 존재한다.

… 러시아는 중국을 주된 동맹국으로 갖고있다. 누군가는 중국의 계급적성격에 대해 끝없이 논쟁할수 있을것이다. 그러나 사실은 중국경제에서 주요부문의 80%와 비필수부문의 40%가 여전히 국유화돼 있다는것이다. 이것이 충분하다고도 혹은 그렇지 않다고도 생각할수 있다. 그러나 이는 자국의 통화량 조절없이는 미국과 심지어는 독일에도 뒤쳐지고있는 우리나라와는 아무런 관계가 없다. 중국은 우리가 생각하는 이상적인 공동주의모델이 아닐수 있지만, 우리에게 오늘날의 자코뱅주의의 교훈을 주고있다. 역사학자 브휘노드뤠스키(Bruno Drweski)는 러시아가 사회주의가 아니더라도 계획성을 강화하는것이 불가능하지않다고 했다. 그러나 사회주의인것은 그것을 성공적으로 달성하는데서 중요한 요소다. 

… 주목해야할 점은 우크라이나에서의 전쟁이 우크라이나뿐만 아니라 발트해, 폴란드의 이웃국가들을 시험장으로 삼아 파쇼화와 반공탄압을 확산시키고있다는것이다. <이도저도아니다(양비론)>·<모두썩었다>·<모두똑같다>는 말뒤에 숨어 파쇼화·나치화라고 명명하지않는것은 결국 우리스스로를 위험으로 내모는것과 같다. 서방에서 우리에게 강요하려는 전쟁의 프로파간다에 휘둘리지않는것이 최저선이라고 생각한다. 

… 공동주의진영의 단결, 공동주의실천에서의 단결을 유지해야하며 프로이트가 <사소한차이의나르시시즘>이라 부른 그자체를 위해서가 아니라 차이는 발생될때만 제기해야한다. 우리끼리 공공연히 이런 유익한 토론을 공개적으로 할수 있도록 기회를 마련해준 코리아동지들에게 감사하다. 종합적인 혼돈속에서도 그날은 머지않아 올것이다. 민족과 민중의 생동하는 힘에 기반을 둔 공동주의자들과 그들의 강철같은 조직만이 오직 우리의 서로 다른 나라들을 구원하는 길이다. 그러므로 지금부터 계속해서 단결을 강화해나가야한다.

« Seule l’unité communiste peut sauver tout le monde »

Aymeric Monville | Pôle de renaissance communiste en France 

Chers camarades,

Il serait futile de débattre entre communistes sur la guerre en Ukraine et ses répercussions internationales sans avoir à l’esprit les réactions importantes, formulées par des poids lourds du mouvement communiste international: je pense au KKE, le Parti communiste de Grèce, et au KPRF, le Parti communiste de la Fédération de Russie, deuxième force du pays et ce, depuis la fin de l’URSS. Une divergence s’est en effet exprimée, fort heureusement dans le respect mutuel, comme le montre la réponse du KPRF du 16 mai dernier, intitulée «En Ukraine, la Russie combat le néo-nazisme», réponse implicite à l’analyse des camarades grecs au sujet de l’opération menée par la Russie et qualifiée par eux de «guerre impérialiste», au sens que lui donnait Lénine.

Qu’on trouve inconsidérée ou non l’intervention russe, le péril systémique encouru par la Fédération de Russie devant l’expansion belliqueuse de l’OTAN est souligné à raison par le KPRF. Ce parti, contrairement à ses habitudes, n’a pas parlé de la Chine dans sa réponse; mais l’affrontement avec l’OTAN se situe aussi à ce niveau et signifie un affrontement entre deux systèmes économiques, deux modes de production différents. L’expansion de l’OTAN, qu’on ne décrit pas assez, à mon avis, comme parfaitement «totalitaire» – terme que l’Occident a pourtant toujours à la bouche pour désigner ses adversaires -, peut conduire à un affrontement nucléaire. S’il s’agit, comme le premier l’historien rationaliste de l’Occident, Thucydide, de chercher l’étiologie, les causes profondes de la guerre, je ne vois pas en quoi l’expansionnisme de l’OTAN, et les manœvres des Etats-Unis en 2014 à Maïdan, pourraient être oubliées.

A cet expansionnisme militaire s’oppose une réponse économique, marquée par une tendance à la dédollarisation, l’émergence d’un pétro-rouble voire d’un pétro-yuan, c’est-à-dire la fin du privilège de Bretton Woods, renforcé par la déclaration de la Jamaïque qui a découplé définitivement le dollar de l’or et qui ne reposait que sur la capacité des Etats-Unis à faire acheter par les autres pays le papier-monnaie qu’ils imprimaient. On observe ainsi au plan international un isolement de «l’Occident» sur la question ukrainienne. Peut-être sont-ce les prodromes de «la fin de l’époque colombienne» (au sens de l’ère de Christophe Colomb marquant le départ de la domination coloniale européenne), décrit par feu le philosophe Domenico Losurdo. L’après-midi sera consacré à la situation en Asie, également très tendue, mais qu’on ne peut dissocier. L’Asie secoue le joug impérialiste, le carcan imposé par les Etats-Unis.

Bien entendu, ni plus ni moins qu’aucun pays capitaliste, la Russie de Vladimir Poutine n’échappe aux tendances décrites par Lénine et qui sont caractéristiques de ce mode de production. Mais au-delà de ces généralités, il faut tout de même rappeler que ce n’est pas la même chose d’être encerclé par 700 bases et de faire face à une menace à ses frontières, et, comme dans le cas des Etats-Unis, de se prévaloir d’une «destinée manifeste» en bombardant de nombreux pays et en leur imposant de nombreux embargos au mépris du droit international quand aucune menace, ni au Mexique, ni au Canada, ne pointe à ses frontières. Il est mensonger de présenter l’opération russe comme une simple guerre de prédation sans mentionner ce contexte. Dans le cas présent, l’économie jouant toujours <en dernière instance>, il n’est même pas certain que ce soient les intérêts économiques qui priment. Et l’on voit bien qu’il s’agit pour le pouvoir russe également de tordre le bras aux oligarques. Il y a forcément, dans le pouvoir russe, un double intérêt à organiser une défense patriotique du pays et également à se maintenir coûte que coûte au pouvoir.

Dans ce contexte tendu, il n’est pas exclu que Poutine se retourne ou bien contre une partie des oligarques ou bien qu’il poursuive dans l’autoritarisme plébiscitaire qui le caractérise, cette fois-ci contre les communistes. La situation est incertaine. Ce qui est certain, c’est qu’il faut, pascaliennement, évidemment compter sur les communistes et renforcer la solidarité internationale.

Selon moi, le phénomène Poutine est un bonapartisme, au sens conceptuel où l’a étudié Gramsci: un compromis entre deux forces, réactionnaires sur toute la ligne d’un côté et communistes de l’autre. Avec les mêmes limites et les mêmes ambiguïtés. On peut penser ce qu’on veut du bonapartisme, chacun comprend que Waterloo a marqué la fin de la séquence historique ouverte par 1789 et l’Europe de la prison des peuples instaurée par le congrès de Vienne.

La différence, c’est que la France bonapartiste n’avait guère d’alliés, alors que la Russie a principalement la Chine. On peut gloser à l’infini sur la nature de classe de la Chine. Force est de constater que 80% des secteurs clefs de son économie et 40% des secteurs non essentiels demeurent nationalisés. Libre à vous de penser que c’est suffisant ou pas assez, mais cela n’a rien à voir avec notre pays, où dépourvu de contrôle sur notre propre monnaie, nous nous plaçons à la traîne des Etats-Unis, voire de l’Allemagne. La Chine n’est peut-être pas notre modèle idéal de communisme mais elle nous donne aujourd’hui des leçons de jacobinisme. Comme le notait l’historien Bruno Drweski, il n’est pas exclu de voir la Russie renforcer la planification, laquelle n’est pas en soi socialiste mais constitue un élément important pour y parvenir. Le KPRF souligne souvent que la défense patriotique du pays devra passer forcément par un passage au socialisme.

Notons également qu’à la faveur de la guerre en Ukraine, la fascisation et la répression anticommuniste, pour laquelle l’Ukraine mais aussi ses voisins baltes et polonais ont joué un rôle de ban d’essai, s’étend. Ne pas nommer la fascisation et la nazification en nous abritant derrière le «ni ni», le «tous pourris» et le «tous pareils», c’est nous exposer nous aussi. Ne pas marcher dans la propagande de guerre qu’on nous impose en Occident est selon moi un minimum. Propagande de guerre qui nous rappelle la guerre d’Algérie, les ciseaux d’Anastasie de la Grande guerre. Le livre récemment paru, La Russie sans œillères, peut contribuer à cela.

On y lira notamment l’analyse de la grande historienne Annie Lacroix-Riz, qui, je suppose, fait l’unanimité parmi nous pour l’intégrité de ses recherches et qui montre l’opération occidentale sur l’Ukraine depuis plus de cent ans. Georges Gastaud s’y exprime également, dans une position qui étaye les présupposés anti-otaniens de la décision prise unitairement par le PRCF, laquelle a, me semble-t-il, marqué les esprits. Mais d’autres analystes, comme Jean-Pierre Page, ancien responsable international de la CGT, sont également présents. Ce qui n’en souligne que plus la nécessité de reprendre conscience, au sein de la CGT, de nos responsabilités internationales.

Revenons à nos camarades grecs. Le KKE a quitté l’hémicycle lors de la venue de Zelensky, lequel était accompagné de militants fascistes. Le KKE participe activement au non-envoi des armes. La Grèce s’inscrit, avec l’Italie, à l’avant-garde du refus de la guerre de l’OTAN par des actions très efficaces et que nous devrions davantage prendre en exemple. J’observe de nombreuses actions anti-OTAN en Grèce en ce moment.

Je crois que c’est là l’essentiel, et que cela prime les discussions qu’on peut avoir à l’infini sur les causes du conflit actuel. Nous serons tous d’accord sur le fait qu’il faut maintenir l’unité du camp communiste et contribuer à la désescalade et à la paix.

La position «ni-ni» est respectable à une seule condition: que l’on comprenne que «l’ennemi principal est dans ton pays», comme disait Karl Liebknecht. Que chacun fasse son travail contre son propre impérialisme. Il est en effet trop facile de parler de l’impérialisme de l’autre en chœur avec sa propre bourgeoisie, comme le fait la fausse gauche de Jadot à Hidalgo mais parfois aussi, hélas, Mélenchon et Roussel.

Le peuple français, avec son flair politique proverbial, s’est massivement exprimé à la dernière élection contre les va-t-en-guerre : Jadot, Pécresse et Hidalgo ont tous échoué à dépasser la barre fatidique des 5%. Les Français comprennent bien que les 5 milliards d’euros revendiqués par Victoria Nuland pour Maïdan 2014 et les 40 milliards d’armement, c’est cela de moins pour les services publics : la guerre à l’extérieur veut dire fascisation.

Il faut maintenir l’unité du camp communiste, de l’agir communiste, ne pas cultiver pour le plaisir ce que Freud appelait le «narcissisme des petites différences» et ne poser les divergences que lorsqu’elles se présentent et je remercie les camarades coréens de nous donner cette occasion, si utile, de débattre publiquement entre nous. Bientôt viendra le jour où, dans le chaos général, les communistes et leur organisation de fer, entée sur les forces vives du peuple et de la Nation tout entière, seront le seul recours pour sauver nos différents pays. L’unité doit donc se forger dès maintenant.

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