세계의 분열을 거부한다
파트릭 퀜즈망 Patrick Kuentzmann | 프랑스코리아친선협회사무총장
코리아에서 우크라이나까지
… 1945, 수천년의 문명을 대표하는 수세기동안의 단일민족국가였던 코리아는 35년간 지속된 일제의 야수적인 식민지에서 벗어났으나 북위38도선을 기준으로 분단됐고 1948 당시 대립하던 2개의 블록에 속한 2개의 정부가 북과 남에 들어섰다. 분단초기부터 38도 인위적인 분계선을 둘러싸고 계속해서 벌어진 충돌은 1950.6.25 북코리아군대로 하여금 남으로 진격하게 만들었다. 미국과 그연합국은 코리아전의 전적인 책임이 북코리아에 있으며 북이 대량살상무기를 보유하려고 시도했다고 근거없이 주장한다. 그러나 코리아분단을 결정한것은 미국이었다. 소련이 이에 반대하지않았다고 해도 말이다. 1948 미국의 지원을 받아 대통령으로 취임한 이승만은 무력통일을 의미하는 <북진>을 주장했다.
코리아전은 1953.7.27 휴전협정체결과 함께 단순 <정전>상태로 끝났고 공식적으로는 끝난적이 없으며 이후 어떤 평화협정도 체결되지않았다. 정전협정은 체결과 함께 미국에 의해 위반됐다. 1955부터 미국은 명백한 협정위반이었음에도 핵무기를 포함한 무기를 코리아에 배치하기 시작했다. 1945부터 미국은 동북아에서 핵무기를 사용하거나 사용하겠다고 위협해왔다. 미국은 핵보유국중 유일하게 핵무기를 사용한 나라고 미국의 교리는 핵무기를 다시 사용하겠다는 위협에 바탕을 두고있다. … 오늘날까지도 미국은 코리아에서 정전협정을 영구적인 평화협정으로 대체하는것에 반대하고 심지어 사실상 대북적대시정책의 상징인 유엔군사령부권한의 부활을 꾀하고있다.
… 미국이 2012.1 처음으로 발표한 새국방전략의 숨은 목적은 아시아의 다른 대국이 저들에게 대적할수 있는 세력으로 자라나지못하도록 포위환을 형성하고 군사적으로 억제하는데 있다. 이를 위해 미국은 앞으로 10년안에 해외에 전진배비한 미군무력의 60%를 아시아태평양지역에 집중시키려하고있다. 동시에 이지역안에서 미국과 각기 쌍무적인 동맹관계에 있는 나라들을 점차 나토와 같이 통일적인 작전지휘체계를 갖춘 다무적인 군사동맹에 끌어들이기 위한 준비를 다그치고있다. 미국이 오래전부터 미일군사동맹과 미남군사동맹을 합쳐 3각군사동맹을 내오려고 시도해왔다는것은 널리 알려진 사실이다. 미국은 냉전시기 유럽에서 나토에 의거해 이전 소련과 동유럽나라들을 억제·붕괴시킨 <경험>에 토대해 아시아태평양지역에서도 저들의 잠재적적수들을 포위할수 있는 보다 큰규모의 집단적군사기구를 내오려하고있다. 이것이 바로 유럽과 아시아에서 군사동맹확장으로 표현되고있는 미국의 정책을 관통하는 제국주의적논리다. 이논리야말로 코리아에서 갈등이 발생하고 지속돼온 근원이자 2014 쿠데타로 시작된 현재 우크라이나사태의 근원이다.
중국을 포위하려면 러시아를 공격하라
… 미전략가들이 러시아를 약화시키고 나아가 러시아에서의 정권교체를 꾀하며 궁극적으로 중국을 포위하기 위해 우크라이나사태를 이용하고있는것은 아닌가. 실제로 아시아의 상황을 보면 <북코리아의공격을막기위한> 미남합동군사연습이 코리아반도와 동북아에서의 지속적인 긴장의 원인이라는것을 확인할수 있는데 이는 미부시행정부하에서 신보수주의자들이 제창한 대중봉쇄전략의 일환으로 보인다.
… 워싱턴전략가들은 오직 중국만이 미국에 도전하고 초강대국지위를 위협할수 있는 경제·군사적역량을 가졌다고 봤다. 따라서 미세계패권을 유지하기 위해서는 중국의 힘을 억제해야했다.
Refuser la division du monde
Patrick Kuentzmann | Secrétaire général de l’Association d’amitié franco-coréenne
발췌 extracted
… Le conflit en Ukraine est le dernier front ouvert dans une guerre plus globale entamée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dont les peuples ont été les premières victimes avant de devenir eux-mêmes les belligérants d’une guerre de l’information.
D’emblée, il faut affirmer notre soutien au peuple ukrainien, victime d’un conflit entre grandes puissances. Mais ce soutien ne doit pas être équivalent à une condamnation unilatérale de la Russie. Cette dernière a bien lancé une opération militaire massive en Ukraine le 24 février 2022, mais la Fédération de Russie a sans doute pris la moins mauvaise option face au danger existentiel que représentait, malgré les promesses, l’extension continuelle de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord vers les pays de l’est de l’Europe après la fin de la Guerre froide, une extension qui a intégré de facto l’Ukraine, coeur historique de la Russie, après 2014 et le coup d’État du Maïdan.
De la Corée à l’Ukraine
A ce stade, il convient de relever une première analogie avec la situation d’un autre peuple victime d’un conflit entre grandes puissances : le peuple coréen.
En 1945, la Corée était un pays unifié depuis des siècles, représentant une civilisation pluri-millénaire, quand, au terme de 40 ans d’une colonisation féroce par l’Empire du Japon, elle fut divisée de part et d’autre du 38e parallèle en deux entités devenant en 1948 deux Etats appartenant à deux blocs opposés. Les accrochages qui eurent lieu autour de la frontière artificielle du 38e parallèle dès le début de la division ont débouché le 25 juin 1950 sur une incursion massive des troupes nord-coréennes en Corée du Sud. Selon les gouvernements des Etats-Unis et de leurs alliés, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) serait la seule responsable de la Guerre de Corée et tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive. Pourtant, la décision de diviser la Corée fut bien prise par les Etats-Unis, même si l’Union soviétique ne s’y opposa pas. Après son accession à la présidence de la République de Corée (du Sud) en 1948, avec le soutien des Etats-Unis, Syngman Rhee parla de «marche vers le Nord», signifiant qu’il envisageait une réunification de la Corée par la force.
La Guerre de Corée s’est terminée par un simple cessez-le-feu le 27 juillet 1953, date de signature de l’Accord d’armistice, et cette guerre n’a jamais pris fin officiellement, aucun traité de paix n’ayant été conclu. L’Accord d’armistice a été violé presque dès sa signature par les États-Unis, lesquels, à partir de 1955, ont introduit des armes, y compris nucléaires, en Corée, malgré les dispositions explicitement contraires de l’Accord. Depuis 1945, les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser l’arme nucléaire en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à l’arme nucléaire, et leur doctrine repose sur la menace de l’employer de nouveau. …
Jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis s’opposent au remplacement de l’Accord d’armistice par un traité de paix permanent en Corée et souhaitent même redonner de la vigueur au Commandement des Nations Unies, signe de la volonté de Washington de maintenir une politique hostile à l’égard de la RPDC Le Commandement des Nations Unies a été constitué en Corée du Sud avec des militaires des 15 pays intervenus dans la guerre aux côtés des États-Unis, en application d’une décision du Conseil de sécurité du 7 juillet 1950. Ces 15 pays ont retiré leurs corps expéditionnaires de Corée entre 1953 et 1957, laissant les militaires américains seuls au sein du Commandement.
A coté du Commandement des Nations Unies, les Etats-Unis disposent de deux autres structures militaires distinctes en Corée: les Forces des Etats-Unis en Corée (United States Forces Korea, USFK) et le Commandement des forces combinées (Combined Forces Command, CFC). Faisant partie du Commandement des Etats-Unis pour l’Indo-Pacifique (USINDOPACOM), les Forces des Etats-Unis en Corée viennent en soutien du Commandement des Nations Unies et du Commandement des forces combinées. Dirigé par un général états-unien, le CFC a le contrôle opérationnel de l’armée sud- coréenne en temps de guerre.
Selon un mémorandum du ministère des Affaires étrangères de la RPDC publié le 14 janvier 2013 :
«Les États-Unis, selon leur nouvelle stratégie de défense, essaient de transformer le ‘Commandement des Nations Unies’ en un ‘commandement des forces multinationales’ qui servirait de matrice à une version asiatique de l’OTAN.
L’arrière-pensée de la nouvelle stratégie de défense des États-Unis, rendue publique pour la première fois en janvier 2012, est d’encercler et d’exercer une pression militaire sur les autres grandes puissances d’Asie afin d’empêcher celles-ci de croître suffisamment pour leur résister. Dans ce but, les États-Unis envisagent de concentrer 60% de leurs forces déployées outre-mer dans la région Asie-Pacifique au cours des dix prochaines années. En même temps, les États-Unis accélèrent leurs préparatifs pour rassembler progressivement leurs alliés de la région au sein d’une alliance militaire multilatérale telle que l’OTAN, évoluant sous un système de commandement unifié.
C’est un fait bien connu que les États-Unis visent depuis longtemps à former une alliance militaire tripartite en combinant les alliances militaires conclues entre les États-Unis et le Japon et entre les États-Unis et la Corée du Sud.
Les États-Unis ont tiré leur ‘expérience’ de l’endiguement et de l’effondrement de l’ex-Union soviétique et des pays d’Europe de l’Est en s’appuyant sur l’OTAN pendant la Guerre froide. En se basant là-dessus, ils essaient de mettre sur pied une organisation militaire collective d’une plus grande échelle, laquelle leur permettrait d’encercler aussi bien leurs ennemis potentiels de la région Asie-Pacifique.»
C’est donc bien la même logique impériale qui guide la politique des Etats-Unis en Europe et en Asie au travers de l’extension de leurs alliances militaires. Cette logique est à l’origine du déclenchement puis de la perpétuation du conflit en Corée, et de l’actuel conflit en Ukraine, qui a en fait débuté par le coup d’État de 2014. …
La victoire d’Orwell sur Fukuyama
… Le conflit en Ukraine, ses conséquences pour les peuples du mondes, y compris ceux des démocraties dites libérales, marque plutôt la victoire de George Orwell sur Fukuyama. Publié en 1949, le roman d’Orwell 1984 prend des allures de prophétie dans sa description d’Océania, pays dirigé par Big Brother et dont la devise tient en trois phrases : «La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force»
«L’ignorance c’est la force.»
Les grands médias sont de peu d’utilité dans la compréhension de l’origine et des – véritables – enjeux de l’affaire ukrainienne. Ce rôle pédagogique semble désormais assuré par les réseaux sociaux, même s’ils ne sont pas exempts de défauts, d’où un certain empressement des autorités à vouloir censurer ces réseaux sous des prétextes divers avec lesquels l’opinion publique ne pourra qu’être d’accord (lutte contre la haine, lutte contre les trafics, etc). …
«La liberté c’est l’esclavage.»
Le conflit en Ukraine prend place à un moment particulier, deux ans après le début de l’épidémie mondiale de Covid-19 qui a suscité, de la part des gouvernements et de groupes privés, relayés par les grands médias, des efforts visant à influencer des attitudes et des comportements sociaux à grande échelle.
La crise sanitaire est le prétexte d’un recul des libertés publiques et d’un contrôle social sans précédent, y compris dans les démocraties dites libérale. En outre, les mesures visant à endiguer la progression du virus, par la rupture provoquée des chaînes d’approvisionnement, ont déjà entraîné des pénuries.
Le conflit en Ukraine perpétue cette tentative d’ingénierie sociale, en aggravant encore les risques de pénuries et de contrôle des populations, avec l’assentiment de ces dernières prêtes à renoncer à leurs libertés pour une sécurité toute relative. Que se passera-t-il quand le «passe sanitaire» sera couplé aux tickets de rationnement? …
«La guerre c’est la paix.»
… De 1945 à 2022, de la Corée à l’Ukraine, en passant par tous les conflits «périphériques» la guerre a en effet été permanente, alors que les citoyens de pays officiellement non belligérants étaient confortés dans l’idée de vivre en paix.
… La permanence de cet affrontement global donne corps à la théorie de l’existence d’un «Etat profond» dans les démocraties dites libérales, un pouvoir institutionnel pérenne survivant aux alternances politiques et se maintenant de façon cohérente, dont les alliances militaires pilotées par les Etats-Unis seraient le bras armé.
Face aux manœvres de l’État profond, l’expérience historique de chaque force attachée à l’idée de souveraineté nationale doit éclairer le chemin à suivre. Dans leur diversité, ces expériences montrent la nécessité de l’union entre forces communistes, anti-impérialistes et bourgeoisie patriote.
Ainsi, dans la France occupée par l’Allemagne nazie, la création d’un Conseil national de la Résistance (CNR) permit de diriger et coordonner à partir de 1943 les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises. Le CNR était composé de représentants des mouvements, syndicats et partis politiques hostiles au gouvernement collaborationniste de Vichy. Le programme du CNR, adopté en mars 1944, prévoyait un «plan d’action immédiat» … mais aussi des «mesures à appliquer dès la libération du territoire», une liste de réformes sociales et économiques. Ce programme permit à la France de se relever après la Libération.
En Corée, une conférence conjointe des représentants des partis et des organisations sociales de Corée du Nord et du Sud, fut convoquée en avril 1948 à Pyongyang dans l’espoir de parvenir à un Etat coréen unifié et indépendant. C’est ainsi que Kim Ku, ancien président du gouvernement coréen provisoire en exil pendant la colonisation japonaise se rendit à Pyongyang pour rencontrer Kim Il Sung, président du Comité populaire provisoire de Corée du Nord, afin d’empêcher la partition prévisible de la Corée suite à la tenue d’élections dans la seule partie Sud. Kim Ku était un farouche anticommuniste. Néanmoins, il accepta la main tendue par ses adversaires idéologiques en mettant en avant l’intérêt de la nation coréenne, …
On sait que la conférence de Pyongyang ne parvint pas à empêcher la division de la Corée et que, pour son engagement en faveur de la réunification, Kim Ku fut assassiné le 26 juin 1949 par un agent de la police secrète sud-coréenne, voire, selon certains historiens, de la CIA. Mais il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer, et, dans un contexte mondialisé, une union transcendant les divergences idéologiques au niveau international est à la fois possible et vitale alors que l’essentiel est aujourd’hui en jeu : éviter un monde divisé en blocs et en guerre perpétuelle, prétexte à un asservissement des peuples.